Les enfants acteurs sur Broadway
Lancer sa carrière,
mais à quel prix?
Cours privés de chant, de danse, de claquette : les frais pour lancer la carrière d'acteur des tout-petits se multiplient. Sans compter la part qui revient au gérant de l'artiste et à son agence. À quoi ressemble la gestion financière des enfants acteurs?

Plusieurs lois régissent le travail des enfants acteurs aux États-Unis. En Californie, un loi protège spécifiquement une partie de l'argent gagné par les enfants acteurs : le California Child Actor's Bill.Cette loi exige que 15% des sommes amassées grâce au travail de l'enfant soit bloqué dans un compte en fiducie jusqu'a la majorité de l'enfant.
À New York, la loi exige également qu'un minimum de 15% de la paie de l'enfant soit versée dans un compte en fiducie jusqu'à sa majorité, mais le parent peut établir un pourcentage plus élevé. « Nous déposons bien plus que ça, parce que c'est son travail! » témoigne pour sa part Vanessa*, dont le fils de 8 ans, Tom*, travaille déjà en tant qu'acteur. Toutefois, Vanessa utilise une part de ces revenus pour payer les multiples cours auquel son fils Tom est inscrit.
« Par exemple, si je reçois un courriel comme quoi il a une audition dans deux jours, je dois contacter son coach de voix et son coach de jeu pour planifier un cours. Donc soudainement, on doit payer les coachs. »
- Vanessa
Or, de la paie de Tom il faut aussi soustraire les cotes que prennent son agent et son gérant. L'agent empoche 10% et le gérant 15% des gains. « S'il est engagé pour un contrat de doublage, on doit soustraire 25% du total qu'il gagne », illustre Vanessa. Certains parents sont prêts à tout pour que leur enfant apparaissent à la télévision, affirme-t-elle, mais tous ces contrats ont des coûts. « Je suis très sélective », assure Vanessa. Elle se demande à chaque fois si la rémunération vaut le déplacement, le logement, les impacts sur le reste de la famille, les repas sur le tournage et le nombre d'heures travaillées.
Une amie de Vanessa a vécu une mauvaise expérience, alors que les dépenses pour remplir un contrat ont dépassé la rémunération. Le prix de l'avion et de l'hôtel excédaient le maigre 200 $ alloué à l'enfant.
Cours de ci, cours de ça
La fille d'Olga, qui a 14 ans, étudie à la Professionnal Performing Arts School (PPSA). L'école est gratuite comme toutes les autres écoles secondaires, mais les frais peuvent vite s'accumuler en dehors de l'école. « Pour supporter leur expérience, on prend des cours de voix, de danse, de jeu. Tellement de cours! » raconte Olga. Tous ces cours peuvent devenir onéreux, admet la maman, qui met beaucoup de temps chaque jour pour reconduire sa fille à une école à l'autre bout de la ville.
« Ça peut être dispendieux selon où vous allez », juge pour sa part Vanessa. La facture des nombreux cours de groupes et coachs privés peut vite grimper, d'autant plus que certains en profitent pour gonfler leurs prix.
Comme ses enfants font l'école à la maison, ils prennent leurs cours d'arts en matinée. Vanessa se tourne donc vers des leçons privées, ce qui augmente les coûts. « En ce moment, Tom joue dans une pièce donc ces après-midi sont occupés. On ne peut pas s'engager à un programme annuel car il manquerait beaucoup de cours », ajoute Vanessa. Elle préfère débourser davantage pour un cours privé que gaspiller l'argent investi dans un cours auquel son fils ne peut participer.
Les différents cours de Tom coûtent généralement de 300 à 400 $ par semaine, indique sa mère. Lors de périodes charnières, - avant une audition, par exemple - le montant peut grimper.
*Noms d'emprunts utilisés pour préserver l'anonymat de nos sources.